what the hell are you doing here ?!

"What the hell are you doing here ?!"

Ça faisait déjà plusieurs semaines que Sherlock squattait l’abri de jardin du petit-fils d’Abe. Bien entendu, personne n’était au courant. Hors de question d’inquiéter ses amis. Et puis il commençait à s’y faire, à ce petit cabanon. Il avait rangé tout le bordel histoire de se faire une petite place, s’était installé comme il avait pu. Et puis… Et puis il y avait le jardinier. Discret comme un chat, le jeune homme avait appris à se servir des passages de l’employé pour se faufiler dans la maison. Il n’y faisait pas grand-chose, ce n’était pas non plus un voleur. Un petit verre d’eau, une assiette et des couverts pour quand il réussissait à chopper des restes à la cantine – un petit sourire et il avait toutes les cantinières dans la poche, l’une d’entre elles était au courant de sa situation et l’aidait comme elle pouvait – et une fois, une seule, une douche brûlante. C’était l’hiver, il commençait à en avoir marre de faire des toilettes de chat à l’eau froide dans les vestiaires du lycée. Alors bon, c’était sûrement abusé de se doucher chez quelqu’un, comme ça, mais tant pis. De toute façon, il verrait rien, le Milo. C’était pas comme s’il habitait réellement là, apparemment. Il continuait d’aller au parc dès qu’il le pouvait, pour garder ses méninges aiguisées. Sans l’immense bibliothèque de ses parents et sans échiquier à lui, il avait peur de ne plus savoir rien faire d’ici à peine quelques semaines. Heureusement pour lui, il était assez doué pour laisses ses doigts courir sur un piano qu’il imaginait. Il se contentait de ça, jusqu’à pouvoir se trouver un job, jusqu’à avoir son diplôme. Ce jour-là cependant, il n’avait pas eu envie de trop bouger. Pas de cours, ses petits vieux l’attendaient sûrement au parc, mais il n’avait pas envie. Il commençait à subir le contrecoup de son expulsion. Un repas par jour, un lit de camp qui ne lui permettait pas de passer de bonnes nuits, et le poids de ses secrets… Tout ça le bouffait. C’était la première fois qu’il se laissait un peu abattre. Mais il avait froid, alors sous ses deux couches de vêtements – autrement dit tout ce qu’il possédait – et son manteau en guise de couverture, il avait décidé de rester un peu au lit. Mais soudain, un immense bruit résonna dans l’abri de jardin, et Sherlock se redressa en sursaut. Il ne dormait pas – il ne pouvait pas vraiment le faire avec ce froid et sur ce lit de malheur – pourtant il n’avait pas entendu qui que ce soit s’approcher. Le cœur battant à tout rompre, il eut peur que le jardinier soit venu le déloger ou pire… Il comprit qu’il s’agissait de pire en entendant la question qui lui était posée. Oh merde. Milo. Merde, merde, merde. S’il était allé au parc, il aurait pu apprendre par Abe qu’il était sur le chemin du retour… Merde. Paniqué, frigorifié, il était bloqué sur place. Aucune idée de ce qu’il était censé faire. Il ne pouvait clairement pas fuir. Se battre n’était pas une option dans son état non plus. Alors… Alors il prit la parole, la voix tremblotant malgré lui. Il claquait des dents.

« J-J’suis désolé. J’savais que vous étiez pas chez vous alors j’ai juste… J’pensais que ça dérangerait pas, vous avez pas l’air de l’utiliser, c’truc… »

Il leva les mains pour montrer qu’il n’avait aucune intention violente, puis se leva.

« Pardon. J’vais… J’vais partir. J’ai rien vole, promis, vous pouvez fouiller mon sac si vous voulez ! J’veux pas d’ennuis. »

code sleipnir.

what the hell are you doing here ?!

"What the hell are you doing here ?!"

Il avait vraiment merdé, sur ce coup. Il avait réussi à garder tout ça secret, à se débrouiller par lui-même, mais le froid et la flemme l’avaient conduit à se faire repérer. Quelle merde… Loin de lui l’envie de créer de la pitié chez l’adulte qui venait de le surprendre, il lui expliqua simplement la situation et lui indiqua qu’il allait partir. Il se trouverait bien un banc où passer la nuit, ou peut-être que le gymnase du lycée n’était pas fermé… Ouais, il trouverait bien une solution. Le seul truc qu’il ne voulait pas, c’était se retrouver chez les flics, parce que ça voudrait dire appeler ses parents et ça, c’était hors de question. Revoir les tronches de ces foutus homophobes n’était pas au programme. Ils pouvaient crever dans leur coin, ça ne lui ferait ni chaud ni froid. La surprise le saisit en entendant Milo lui demander où il comptait aller. Pourquoi il s’en souciait ? C’était pas comme s’ils se connaissaient ou comme s’il lui devait quoi que ce soit. C’était plutôt l’inverse, d’ailleurs. Il haussa les épaules, tremblotant toujours.

« J’sais pas, j’vais trouver un endroit. J’suis plein de ressources. J’ai pas d’maison mais j’sais m’débrouiller. »

Il n’aurait pas trouvé cet abri de jardin, sinon. Il avait toujours été assez débrouillard, et ça lui servait bien depuis qu’il avait été mis dehors. En voyant le plus âgé s’écarter de la porte, il prit son sac, pensant qu’il allait pouvoir s’éclipser, mais il fut à nouveau surpris en voyant le geste qui lui intimait de suivre Milo à l’intérieur. Il hésita à prendre ses jambes à son cou. De toute façon, il ne connaissait pas son nom, n’avait aucune idée de qui il était… Alors qu’est-ce qu’il risquait ? Rien du tout. Pourtant… L’idée de se réchauffer un peu était beaucoup trop tentante et il finit par suivre sans poser de question. Nouvelle question, nouvelle surprise. A mi-voix, Sherlock finit par demander un café, remerciant le plus âgé. Après tout, il avait réellement froid, était épuisé, alors ça ne pourrait pas lui faire de mal. Une fois la tasse devant lui, il s’empressa de déposer ses mains autour, soupirant légèrement. Merde, ça faisait du bien. Il enleva son bonnet et le posa sur le comptoir, prenant une première gorgée de sa boisson. Il se brûla la langue – forcément – mais il s’en foutait. Il n’avait pas mangé depuis la veille au soir et ça faisait un bien fou, même s’il ne s’agissait que d’un café. Il releva ensuite les yeux pour répondre à la question, gardant sa tasse au creux de ses mains.

« Abe. Il m’a dit que vous étiez parti j’sais plus trop où, et comme j’sais que vous vivez seul bah… J’ai tenté. J’suis désolé, j’aurais pas dû. Ou j’aurais dû partir avant que vous reveniez. Mais j’ai rien volé, promis. »

Ok, il se répétait. Mais c’était important pour lui, que Milo ne le prenne pas pour un voleur. Il avait juste un peu squatté son abri de jardin, mais c’était tout. Ce n’était pas un criminel, il avait juste fait au mieux.

code sleipnir.

what the hell are you doing here ?!

"What the hell are you doing here ?!"

Forcément, Milo était surpris d’apprendre que son squatteur connaissait son grand-père. Bon, c’était pas non plus comme si Abe et lui étaient les meilleurs amis du monde, fallait s’calmer. Mais ils se voyaient assez souvent pour que le vieux se confie à lui sur certains trucs. Comme le fait que son petit-fils lui manquait. La première fois qu’il lui en avait parlé, Sherlock était tellement désolé pour lui qu’il l’avait laissé gagner. Pas idiot, le vieux en avait profité, chaque fois qu’il se trouvait en situation d’échec, pour en remettre une couche sur sa solitude. Le jeune homme avait fini par comprendre sa stratégie, et avait renforcé son jeu. Jouer sur ses sentiments, c’était vraiment pas cool. Au fond, il l’aimait vraiment bien ce p’tit vieux, et ça le faisait vraiment chier de savoir qu’il passait la plupart de son temps tout seul. Alors peut-être que c’était pas grand-chose, mais au moins ils avaient leurs parties d’échec au parc, avec toute la bande de retraités qui squattait le parc. Même si Sherlock préférait passer du temps avec ses amis, il appréciait ces moments et les chérissait dans une certaine mesure. Lui qui n’avait jamais eu aucun contact avec ses grands-parents se retrouvait à en avoir tout un groupe, c’était assez agréable. Il secoua la tête face à la question de Milo, tandis que ses mains retrouvaient peu à peu des sensations normales, son corps se réchauffant.

« Nan. Il m’a juste dit que t’étais pas là, c’est tout. Il sait pas que j’suis à la rue. On joue aux échecs ensemble, dans le parc, c’est quelqu’un de gentil. Mais c’est qu’un p’tit vieux, j’allais pas commencer à l’emmerder avec mes problèmes. »

Puisque Milo ne se privait pas de le tutoyer, autant faire pareil, non ? Le silence s’installa quelques instants, le plus âgé avait l’air perdu dans ses pensées. Bien vite, la tasse de café de Sherlock fut vide et il la reposa, glissant ses mains jointes entre ses cuisses pour continuer de les réchauffer. La température était bien plus agréable à l’intérieur, mais des heures passées dans le froid ne se rattrapaient pas si rapidement. En entendant Milo le remercier, il fronça les sourcils et pencha légèrement la tête sur le côté, avant que la phrase suivant ne lui fasse comprendre ce pourquoi il le faisait. Il hocha la tête.

« Si ça peut t’rassurer, il parle souvent de toi aussi. Mais il sait que t’es le genre de mec vachement occupé, et il est plutôt fier, donc ça l’gêne pas que vous vous voyiez pas aussi souvent qu’avant. »

Pas terrible de ne pas souvent aller voir son grand-père, mais au moins Milo avait de bonnes excuses. Selon Abe, ce n’était pas un manque d’envie, mais juste un manque de temps. Il était très loin de lui en vouloir pour ça, Sherlock l’avait bien compris. Alors s’il pouvait le lui faire comprendre, c’était d’autant mieux. La question qui suivit le mit un peu mal à l’aise. Il n’avait pas vraiment évoqué l’entièreté de sa situation avec qui que ce soit, et ça l’angoissait, de le faire. Mais Milo avait raison. Il avait squatté son abri de jardin, alors il pouvait au moins être honnête deux minutes. Il soupira.

« Mes parents m’ont jeté dehors. Bon, c’est pas comme si j’étais pas majeur, mais j’suis encore au lycée alors pour l’instant je peux pas trop trouver un taff, et encore moins un toit. J’m’attendais pas à ce qu’ils fassent ça juste parce que j’suis gay, alors j’avais pas de plan b. Du coup les premières semaines je me suis démerdé en allant chez mes potes, mais maintenant c’est un peu plus compliqué. J’veux mêler personne à ça, c’est ma famille de merde et c’est pas aux autres de gérer. J’avoue que j’aurais pas dû m’incruster comme ça, mais y’avait personne, et j’me suis dit que vu l’état de l’abri tu devais jamais t’en servir. J’viens juste pour dormir, j’ai rien volé, alors j’me suis dit que ça passerait le temps que tu reviennes. J’suis désolé. »

code sleipnir.

what the hell are you doing here ?!

"What the hell are you doing here ?!"

Bon, ça n’avait pas l’air d’être un immense connard, ce Milo. Enfin, avec un grand-père comme Abe, Sherlock aurait dû s’en douter. Mais parfois, les descendants n’étaient pas vraiment comme leur famille, alors… Il était heureux d’entendre que l’homme irait voir Abe le lendemain, il savait à quel point il lui manquait, au vieux. Il lui avait souvent dit que ça lui manquait de jouer aux échecs avec lui, et qu’il appréciait encore plus sa compagnie pour ça. Savoir que Milo ne lui dirait rien du fait qu’il n’avait pas de maison, par contre, ça l’arrangeait vachement. L’idée d’inquiéter les p’tits vieux du parc ne lui plaisait absolument pas. Ils galéraient déjà avec leurs petites retraites, et les parties d’échecs dans le parc étaient en général leur seule interaction sociale de la journée. Pas question de rendre ce moment triste, ou d’inspirer leur pitié. La pitié, il détestait vraiment ça, et il espérait donc sincèrement que ce ne serait pas la réaction qu’aurait son interlocuteur face à l’histoire qu’il lui raconterait. Parler de ses parents, ce n’était pas vraiment un truc qu’il aimait. Même avant d’être foutu à la porte, il n’aimait pas particulièrement ça. Parce qu’ils avaient toujours foutu une pression de dingue sur ses épaules et qu’il n’avait jamais supporté ça. Il haussa donc les épaules face à la remarque de Milo.

« J’sais pas, j’ai grandi avec leurs conneries. Ça reste mes géniteurs, et j’aime pas c’mot donc voilà. C’est mes parents, j’fais avec. »

Il n’avait pas à se plaindre. Il avait grandi confortablement, plus que ça même. Bon, si on oubliait le côté hôpital, bien sûr. Mais il n’avait jamais manqué de quoi que ce soit, à part peut-être de véritable amour parental. Pour autant, ça ne l’avait pas empêché de se construire. Il savait que nombre de gosses qui se retrouvaient à la rue comme lui n’avaient pas eu autant de chance. Vraiment, il n’avait pas à se plaindre. Pas du tout. Fronçant les sourcils, il suivit docilement Milo dans la maison, se demandant ce qu’il voulait. Il hésita à prendre son sac et s’enfuir aussitôt, mais se retint. Il lui avait offert un café et l’avait écouté se plaindre de ses parents, alors autant rester aimable, non ? Son incompréhension se fit plus grande encore en voyant qu’il l’emmenait vers sa chambre. Euh… Il cherchait quoi, là ? Il resta silencieux en le regardant fouiller dans son placard, puis… Puis se retrouva planté comme un con, à ne pas savoir quoi dire. Une douche et des fringues ? Donc… Donc il ne cherchait pas à le foutre à la porte ? Sérieusement ? Il ouvrit la bouche et la referma plusieurs fois, sans que rien n’en sorte.

« Euh… Je… Une fois. J’ai juste… J’ai juste pris une douche, une fois. »

Bien pratique d’avoir un esprit aussi affuté que le sien, s’il n’était pas capable d’aligner trois mots, tiens. Il prit les vêtements et releva les yeux vers Milo.

« J’veux pas… J’veux pas m’imposer. J’pense que j’ai déjà vraiment trop abusé. Faut pas t’sentir obligé de quoi que ce soit juste parce que j’suis à la rue et que je connais Abe, hein. J’veux pas que tu t’sentes obligé. C’est pour ça que j’en parle pas. Alors, euh… Ouais, t’en fais pas. J’peux partir. »

code sleipnir.

what the hell are you doing here ?!

"What the hell are you doing here ?!"

Mentir, ce n’était vraiment pas son genre. Dissimuler la vérité quand ça l’arrangeait, ça l’était bien plus. Voler non plus, il n’aimait pas ça, d’où sa répulsion à se servir dans les placards de la maison. Il avait juste eu besoin d’un endroit où dormir, pas de quoi que ce soit de plus. Ça allait de pair avec l’idée qu’il ne supportait pas d’inspirer la pitié. Il aimait se débrouiller seul. Malgré tout… Malgré tout, la proposition de Milo était plus qu’alléchante. Une vraie douche, des vêtements qu’il n’avait pas lavés à la main dans un évier… Et puis cette phrase ‘Cette maison est assez grande pour nous deux’. Qu’est-ce qu’il avait voulu dire ? Est-ce qu’il… Est-ce qu’il lui proposait de rester ? Pour la nuit ? Incapable de dire quoi que ce soit, Sherlock se contenta d’hocher la tête. Serrant les vêtements entre ses mains, il prit la direction de la salle de bain sans un mot. Il ferma la porte à clé puis se déshabilla lentement, évitant de regarder dans le miroir. Il avait beaucoup maigri ces derniers temps, et il n’aimait pas beaucoup sa nouvelle silhouette. Il se glissa sous la douche et tourna le bouton de température jusqu’à ce que l’eau soit presque brûlante. Merde, ça faisait un bien fou. Il ferma les yeux un instant, profitant de la chaleur extrêmement agréable. Il se reprit cependant et se mit à se laver. Ça aussi, ça faisait vraiment du bien. Il frotta ardemment, ayant l’impression de s’enlever des semaines et des semaines de crasse. Pourtant, il faisait tout pour rester aussi propre que possible, ne désirant pas attirer l’attention de quelque façon que ce soit. Mais prendre une vraie douche, ça changeait absolument tout. Lorsqu’il fut satisfait de son petit nettoyage, il sortit et chercha une serviette. Il se sécha rapidement, puis enfila les vêtements prêtés. Le caleçon était un peu large, le t-shirt un peu long, mais c’était parfait pour des vêtements qui n’étaient pas à lui. Il décida de remettre son pantalon, pas vraiment à l’aise avec l’idée d’être à moitié nu. Toute sensation de froid s’était évanouie lorsqu’il sortit enfin de la salle de bain, après avoir tout remis en place. Ses vêtements sales dans une main, il s’avança jusqu’à la cuisine pour les mettre dans son sac, et y retrouva Milo. La gêne le saisit et il rougit légèrement. Trop occupé à l’idée de se réchauffer et de s’enfuir tout à l’heure, il n’avait pas fait attention au fait que l’adulte était absolument… Canon. Il se gratta légèrement la tête.

« Hm, je… Merci. Pour la douche. Et les fringues. C’est vraiment sympa. J’pourrais, euh… J’pourrais repasser demain pour te les rendre, si tu veux. »

C’est cet instant précis que son ventre choisit pour gargouiller, et ses joues rougirent encore plus. Merde. Il avait l’estomac entièrement vide alors forcément, le bruit avait été plus qu’énorme. Pour la discrétion, il repasserait. Il ne savait pas quoi faire, pas où se mettre, pas quoi faire de son corps. Il se retrouvait planté là, comme un con, bloqué.

« Euh… Pardon. Pour ça. »

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what the hell are you doing here ?!

"What the hell are you doing here ?!"

Pas trop habitué à ce qu’on veuille l’aider, Sherlock n’avait absolument pas compris ce qui était en train de se passer. Déjà, une douche, c’était bien. Alors forcément, dans sa tête, il fallait maintenant qu’il retourne dehors, qu’il se trouve un porche ou un banc à squatter, histoire de passer la nuit. Il trouverait autre chose le lendemain. Il se sentit littéralement se liquéfier sur place quand son ventre protesta. Merde, ça, c’était clairement pas prévu. Pas qu’il se soit passé quoi que ce soit de prévu ce soir, d’ailleurs. Alors qu’il venait de s’excuser, Milo prit la parole, pour lui proposer de commander une pizza. Encore une fois, il se retrouva comme un con, à ne pas savoir quoi dire. Il ne pouvait absolument pas payer sa part, tout ce qui lui restait c’était 10 dollars, et il devait s’en servir pour pouvoir manger à la cafète du lycée. Il hocha cependant la tête, ne sachant pas vraiment quoi faire d’autre, avant que le plus âgé ne poursuive, lui faisant ouvrir de grands yeux. Comment ça, il vivait ici ? Il s’était attendu à ce qu’il lui propose, peut-être, de passer la nuit ici, au chaud, mais c’était tout. Décider qu’à présent, il avait un toit, c’était carrément autre chose et ça il ne s’y était absolument pas préparé. Il resta silencieux, ne sachant pas s’il devait accepter ou non. C’était tentant, de se dire qu’il pouvait avoir un vrai endroit où rentrer après les cours. Un endroit chaud, où il n’aurait pas besoin de veiller toute la nuit pour vérifier que personne ne lui volait ses affaires. Il avait baissé les yeux, et il ne les releva que lorsque Milo lui avoua comprendre qu’il puisse être gêné. Il se mordit l’intérieur de la joue, puis finit par hocher la tête.

« D’accord. Ok. Mais je vais tout faire pour retomber sur mes pattes et te laisser tranquille le plus vite possible. »

Il ne savait absolument pas comment il allait faire, mais il trouverait bien. Hors de question que Milo l’héberge et le nourrisse sans qu’il fasse quoi que ce soit pour le remercier. Déjà, il pouvait faire le ménage. Après… Il ne savait pas trop, mais il trouverait. Il finit par se rendre compte qu’un détail n’avait pas été abordé et il ouvrit de grands yeux, rougissant légèrement.

« Au fait, je… M’appelle Ed. Edward. Fin Ed, c’est mieux, ouais. »

Putain, il avait squatté son abri de jardin, sa douche et maintenant ses fringues, et il ne s’était même pas présenté. Quel connard il faisait.

« J’doute pas du fait que tu sois clean, et j’le suis aussi. Merci beaucoup… De bien vouloir m’laisser squatter. Ce sera pas pour longtemps, promis. »

Il ne savait pas encore à quel point il se trompait.

code sleipnir.