Adossée à cette barrière métallique qui me congelait le dos, j’étais perdue dans mes pensées, écoutant les vagues venir se perdre entre les bateaux qui étaient accostés pour la nuit. La devanture clignotante du bar illuminait mon visage par intermittence, m’annonçant par la même occasion que le soleil s’était bien vite couché ce soir, ce qui ne serait pas mon cas tout de suite. Penchant la tête en arrière pour une grande bouffée d’air frais, je la rabaissais bien trop rapidement à cause d’un groupe de jeunes bien trop bruyants à mon goût. Je ne savais pas ce que je foutais là, pourquoi, encore une fois, je prenais un chemin bien trop facile, au lieu de prendre ma vie en main ? Pourquoi laissaient les choses venir, espérant que demain serait meilleur, sans même bouger le petit doigt pour faire bouger ma vie de merde ? Je n’avais pas été elevé de la sorte, mon père m’avait toujours appris à me battre pour avoir ce que je voulais, je devais faire mes preuves avant d’avoir ce jouet tant convoité par toutes les jeunes filles de mon âge, mes frères m’avaient appris à me défendre et ma mère m’avait appris à sourire et à faire bonne impression, j’avais toutes les cartes en mains pour réussir dans la vie, mais j’avais choisi la facilité, la voie du danger, sans aucune raison, simplement pour me rebeller, montrer ma colère, mais j’étais la seule qui en pâtissait.

Me redressant sur mes pattes, je réajuste mon haut et vérifie que je n’ai pas, encore une fois, troué mon collant. C’est donc après avoir poussé la porte du bar que je repérais le gérant que je connaissais si bien pour lui avoir livré plusieurs fois de la drogue et à mon grand damne, il m’offrait des verres si je ne disais rien à sa femme. Affichant un doux sourire, je m’accoudais au bar en commandant un “pink love”, un doux mélange de cognac, de champagne et de liqueur de framboises, de quoi bien commencer la soirée. C’était un bar relativement tranquille, sans histoire et dans lequel on se sentait bien, il y avait toujours une bonne ambiance à l’intérieur et même si je venais seule à chaque fois, je savais que je n’allais pas m’ennuyer ou me sentir dans mon coin. Alors que j’attendais mon verre, une masse humaine m’arriva dessus. Manquant de mordre ma lèvre alors que je jouais avec cette dernière, je me retournais, affrontant l’un des idiots qui faisaient du bruit quelques minutes en arrière. « T’es trop idiot pour regarder devant toi ?! »  Le regard noir et le coeur battant à tout rompre, je sentais finalement que cette soirée n’allait pas se passer comme prévu.

@Warren Milligan & Olympe