Note personnelle de la psychologue, d'Hadrian Krenaste, suite à sa condamnation pour la supposition du meurtre de sa mère, Olga Krenaste, nom de jeune fille Markovitch.

En premier lieu, sachez que la première fois que j'ai vu Monsieur Hadrian Krenaste, il semblait comme un loup en cage. Ses yeux étaient rouges et meurtri de chagrin, sans doute à cause de la disparition tragique de sa maman dont il est accusé à tort, je le crains. Cependant, j'avais bien conscience que pour libérer cet individu innocent, ce dernier devait coopérer et m'aider. Chose qui, dès les premières semaines, ne fut aucunement facile. Je lui posais des questions simple, basique. Mais il était toujours aussi fatigué et lassé par ses derniers évènements très certainement trop soudain. Durant les premiers jours où j'essayais d'obtenir quelques informations le concernant, tout ce que j'obtenais, c'était son regard de mépris à mon égard. On ne pouvait pas dire qu'il soit très coopératif. Au tout début de notre rencontre, malgré son énorme hématome sur sur sa joue boursouflée et son œil au beurre noir, je pouvais très nettement distinguer, qu'il n'était pas disposé à me parler. Jusqu'à qu'un beau jour, alors que je découvrais peu à peu la couleur de ses yeux bleus pale, il osa enfin me décrocher un simple « Salut. » C'était toujours mieux que rien. De fil en aiguille, nous arrivions à communiquer. Oh il me fallut être très patiente. À part m'observer écrire ces lignes, c'est tout ce qu'il faisait. À se demander, qui de nous deux, étudier scrupuleusement l'autre. Jusqu'à qu'il se décide enfin, à me dire autre chose qu'une simple salutation de courtoisie. « J'pas envie d'te parler en fait. Par contre, j'ai un cahier. Une sorte... de journal intime pour toi p'têtre. J'sais pas trop. » Il essayait de se la jouer dur, sans doute qu'il ne voulait pas se voiler la face, montrer qu'il était plus intelligent qu'il ne voulait le faire croire. Oh j'avais bien étudié son dossier, le brun était tout de même censé entrer à Harvard ! Ce n'est pas une université à prendre à la légère mais il était vrai, que je n'allais pas refuser son fameux cahier. Le jeune homme m'avait bien précisé, que cet ouvrage ne lui appartenait pas et que c'était sa mère qui l'avait écrit pour lui. Sauf qu'apparemment, il n'avait jamais osé en lire une seule ligne. Arrivé le soir chez moi, je relisais moi-même mes lignes et avais décidé, de me faire mon propre mémo. J'aimais faire mes propres rapports personnels, comme si au fond de moi, j'avais peur d'oublier une partie importante de mes patients. Mais avoir cet ouvrage entre mes mains, me piqua d'une curiosité sans pareil.

Mon cher Hadrian chéri, si tu lis ces lignes, c'est qu'il est fort probable que je ne sois plus de ce monde. J'ai longtemps songé avant d'écrire dans cette sorte de petit livre mais je pense, qu'il est important que tu saches toute la vérité. Finis toutes ces histoires, plus de mensonge. Pardonne au moins ma lâcheté, de ne jamais te l'avoir dit en face à face. Comprends-moi mon trésor, il arrive parfois que les paroles sont plus dures à exprimer que des mots sur un bout de papier. Mais je vais t'écrire, comme si c'était mon journal intime, pardon, notre journal mon chéri.

Cher Hadrian,
La vie ne m'a jamais paru si belle, depuis que tu es entré dans notre vie, à ton père et à moi. Pourtant... Dieu me pardonne, je n'aurais jamais connu ton père sans être passé par des choses pas du tout légal aux yeux de la loi Américaine. Car que tu le veuilles ou non, tu es et tu resteras, un vrai bordel de sang-mêlé. Du côté de ton père c'est pas compliqué, ce ne sont que des amerloques à la noix et de sang pur. Or nous mon enfant, nous sommes tous deux, deux magnifiques mélanges entre les Russes et les Slovaques. Ton grand-père était un russe bien colérique qui ne souriait jamais. Quant à ta grand-mère Slovaque, je me demande encore ce qu'elle pouvait bien trouver à père tant il était colérique alors que elle, elle était d'une douceur infinie. Peut-être que comme quoi, les contraires s'attirent pour ne former qu'une chose magnifique et unique, deux choses totalement différentes qui finissent par se compléter. Et toi, amour de ma vie, plus je te vois grandir et plus je vois, Ô combien le sang des pays de l'Est et impétueux coule dans tes veines. Tu te voiles la face, tu te montres doux et calme devant ton père mais il n'en n'est rien, je le sais. On ne peut pas te reprocher ton intelligence ceci dit ! Ton père te voit déjà médecin ou une connerie du genre. Or moi je vois, un grand informaticien, tout du moins quelque chose, en rapport avec ton intellect et ta manière de résoudre chaque problème avec efficacité et rapidité. Ce n'est pas mon genre de me vanter mais tu tiens ça de moi, ou plutôt de ma famille. Je ne te l'ai jamais dit mais... Je sais que tu m'as observé cette nuit-là, à m'écouter parler en Russe à ton grand-père, même si tu ne le connaissais pas. En revanche ce que tu ne sais pas, c'est que si je suis venue seule jusqu'aux États-Unis, c'était parce que j'avais une mission. Mon but était d'infiltrer -ce que j'ai réussi- le Pentagone, pour voler des fichiers secrets et les envoyer directement à mon pays, pour qu'il en finisse une bonne fois pour toute avec cette guerre froide. Cependant, j'ai rencontré ton père et même si j'étais une rebelle dans l'âme qui ne croyait en rien au coup de foudre, je peux te l'avouer ici, ton père était en fait une sorte d'âme sœur. Je sais, c'est idiot, surtout venant de la part de ta pauvre maman mais c'est pourtant bien vrai. J'espère qu'un jour, toi aussi, tu rencontreras une formidable personne qui saura elle aussi, canalisé ton impulsivité.

Au final, je ne crois pas avoir répondu à tes questions mon chéri, tu dois en avoir tellement à mon sujet. Cependant, j'ai essayé de te former du mieux que je le pouvais. Continue d'apprendre le Russe et le Slovaque mon chéri, tu pourrais en avoir besoin mais surtout, ne fait confiance à personne dans le continent européen. Même pas à ma famille. Et si ce cahier, te revient entre les mains, sache que je t'ai aimait du plus profond de mon cœur.

Ta maman qui t'aime plus que tout, Olga.

« Elle vous aimait. » Bon Dieu, cette lettre m'avait remué les tripes la veille. Les choses prenaient un tournant bien différent à présent. Surtout que les empreintes retrouvaient sur le pistolet qui avait tué Olga Krenaste, n'était pas celle de son fils ! En fait, c'était celle de sa propre mère, qui elle aussi, s'était donné la mort. Mais lorsque la police était arrivé sur les lieux du crime, c'était Hadrian qui tenait l'arme dans sa main et le corps de sa mère sans vie sur son bras libre. Mon devoir était de savoir, ce qui c'était passé. Même s'il n'était pas le criminel -et il n'avait jamais menti, il disait bien qu'il était innocent-, les médecins le juger trop instable pour le laisser sortir, même sous condition. Quant à moi, je devais faire mes preuves pour dire qu'il était tout, sauf un cinglé. Et les écrits de sa maman, étaient une preuve irréfutable. Sauf que, je ne pouvais parler de ce cahier et de ce qui était écrit dedans, c'était bien trop personnelle pour que je n'évoque quoi que ce soit à quiconque. Hadrian s'était plus ou moins ouvert à moi, sans le savoir. Son regard en disait long, quand je lui avais dit que sa maman l'aimait. « Vous devriez le lire, elle ouvre son cœur pour vous. » Le jeune homme se contentait simplement de me regarder, je n'aimais pas son silence, même si ses yeux parlaient pour lui. J'avais l'impression de revenir à notre point de départ. « Rassure-moi... Tu ne te prends pas pour Harley Quinn au moins ? Parce qu'il est hors de question que je joue le rôle du Joker. Okay ? » Son vocabulaire avait changé. Il ne mâchait plus ses mots, il faisait des phrases correctes mais son amabilité n'était pas parti en revanche. « Que voulez-vous dire ? » « Simplement que je n'espère pas que tu fasses tout ça par pitié et par bonté de cœur. » « Je fais tout bonnement mon métier. » lui dis-je limite en m'emportant face à son culot. « Très bien. » « Votre grand-père à tout avouer. Il s'est reconnu coupable. À présent, c'est au juge d'en décider. Au revoir et bonne chance, monsieur Krenaste, c'était notre dernier entretien. » conclus-je, en lui glissant le petit cahier devant lui, avant de lui tourner le dos pour de bon.

Ma chère maman.
Après ma libération, j'ai écouté les conseils de la psychologue qui étudiait mon cas pour ma remise en liberté. Je ne sais si tu me vois de là-haut mais je suis bel et bien libre de nouveau. L'air est peut-être différent de celui des États-Unis mais il est tout aussi pur. Finalement, c'est bien grand-père qui s'est dénoncé et toutes les choses que je n'ai pas eu le temps de te dire avant que tu n'échappes ton dernier souffle, j'aimerais te les dire ici. Je sais très bien que tu ne liras jamais ces lignes mais au fond, ça fait du bien. J'aimerais tellement te raconter dans les moindres détails tout ce qui s'est passé depuis ton départ de la maison, sauf que ça serait bien trop long. Navré de te l'annoncer comme ça mais... Vois-tu, après ton départ, papa ne s'en est jamais remis. Son était s'aggraver de jour en jour. Il m'a même reproché, que c'était à cause de moi si tu étais parti ! De mon côté, je ne t'en ai jamais voulu. J'avais bien remarqué qu'il se passait quelque chose, quand je te surprenais au téléphone. Bien que je ne saurais jamais à qui tu parlais, je crains fort que toutes ces histoires soient bel et bien terminées à présent. Pour survivre, puisque papa ne travaillait plus, nous avons dû déménager dans une toute petite maison en dehors de la ville. Ça puait mais au moins, on était en sécurité et à l'abri des regards. Disons que j'avais plus ou moins fait en sorte d'être en retrait pour nous éviter des ennuis. Très tôt, je me suis mis à vendre de la drogue, puis j'ai progressé en étant conducteur pour des braquages de banque. Avec ton savoir, j'ai pu pirater bon nombre de caméra de surveillance et ainsi, monter des échelons pour atteindre, l'élite des plus grands braqueurs ! Cependant, il était toujours or de question pour moi de rentrer à l'intérieur de ces grands bâtiments, j'aimais mieux rester en retrait et programmer tout le processus à distance. Et puis un beau jour, papa s'en est allé... Il avait décidé d'en finir pendant que je m'étais absenté pendant plusieurs jours. Après ça, j'ai décidé de brûler la maison et de faire passer ça pour un accident. Le lendemain j'étais dans l'avion pour te retrouver. Je ne sais si les autorités ont décrété que j'avais péri dans l'incendie. Je m'en fous en fait. Tout ce que je voulais, c'était te retrouver. J'ai eu du mal, je l'avoue. Bien que j'aurais aimé que nos retrouvailles, ne se passe pas de la sorte. Au moment où je suis arrivé, il était déjà trop tard... Au moins, j'ai pu réussir à te dire, que je te pardonnais et que je t'aimais. À présent, sache que j'ai décidé de vivre ma propre vie à Seattle, loin de New York, de Baltimore et de la République-Tchèque. J'ai bien trop souffert pour y rester et j'espère que dans cette nouvelle ville, je pourrais bâtir, la vie que tu as toujours souhaitée.

Avec tout mon amour, ton trésor, Hadrian.