Une journée nuageuse ne peut rien contre un tempérament radieux
Je suis née, petite dernière d’une fratrie de quatre enfants bien plus sages que moi – enfin selon nos parents – dans l’état de Washington. La famille Milligan est, certes, nombreuse mais pas très riche pour autant. Nous avons donc dû apprendre à nous adapter et à savoir faire des concessions mais notre famille a toujours été unie. Sauf dans le choix de mon prénom que je trouve vieillot. Sérieusement, qui appelle sa fille Teresa à notre époque ?? Je me présente toujours comme étant « Tess » et les seules personnes m’appelant par mon véritable prénom sont ma famille ou mes amis pour me faire chier.

J’étais loin d’être la fille la plus studieuse, d’ailleurs je détestais l’école. Le sport était bien la seule matière où j’excellais. Facile, vous me direz, pour une pile électrique telle que moi incapable de rester en place plus de cinq minutes. En revanche, j’ai toujours été volontaire. C’était sans doute la seule note positive de mon bulletin scolaire. Etant quelqu’un de très énergique et boute-en-train, il ne m’était pas bien difficile de me faire des amis. A ceci près que mon franc parler ne plaisait pas à tout le monde et encore moins au directeur de mon établissement mais ce n’était qu’un détail. Sauf pour mes parents qui s’inquiétaient de mon avenir et de mes choix de carrière.

J’ai toujours rêvé d’être danseuse et malgré leurs faibles revenus, mes parents m’ont toujours offert mes cours de danse jusqu’à ce que je sois assez grande pour me les financer moi-même. J’ai beaucoup travaillé en-dehors de mes études pour pouvoir me faire de l’argent de poche et je me suis toujours donnée à fond dans chacun de mes jobs dans l’espoir d’atteindre mon but un jour. Je suis tombée de très haut lorsque j’ai pris conscience des frais de scolarité et de la moyenne demandée pour intégrer les écoles qui m’intéressaient. Ce n’était pas sans avoir été prévenue, bien entendu, mais allez faire entrer ça dans la tête de l’ado que j’étais ! Déçue et lassée de suivre des cours inutiles, j’ai arrêté l’école après mon diplôme de fin d’année.

J’ai enchaîné les petits boulots, passant de serveuse à caissière, sans oublier les postes de ménage pour pouvoir prendre mon indépendance. Ce fut une période difficile – surtout pour garder un job avec ma diplomatie légendaire – mais elle porta ses fruits. J’emménageais dans un studio et puis plus récemment dans un T2 ! J’ai aussi fait l’acquisition d’un scooter pour pouvoir me déplacer plus facilement en ville et aussi parce que mes moyens ne me permettaient pas de m’acheter une voiture. Il faut dire que la poisse me suit partout depuis que je suis gamine donc la moindre économie que je fais passe autant dans l’assurance que dans des réparations imprévues… Je ne m’en plains pas, j’ai appris à vivre avec même si je mentirais en disant que je ne voudrais pas avoir un peu de chance au moins une fois dans ma vie mais j’ai au moins un toit au-dessus de ma tête. Je suis quelqu’un qui relativise beaucoup aussi, ça aide ! J’ai accepté un nouvel emploi que j’ai réussit à garder depuis trois mois maintenant – YaY ! – et ça se passe bien. Faut dire que les gens sont contents de me voir en règle générale ! Bon, plus la pizza que ma personne réellement mais au moins, je n’ai pas à gérer les crises inutiles des clients – Parce que je suis efficace, m’voyez ! – et ça, c’est un gros bonus !

Qu’en-est-il de mon rêve de danseuse ? A vrai dire, j’ai déjà 27 ans et plus les années passent et plus je vois mon rêve s’éloigner peu à peu. J’ai arrêté les cours de danse aussi mais à défaut, je sors beaucoup en boîte de nuit et dans les bars donc on peut dire que ça compense. En fait, je préfère en rire parce que ça m’empêche de trop penser et de me faire déprimer. Je ne peux pas vraiment dire que j’ai baissé les bras, j’essaye quelques castings parfois mais jusqu’ici, ça n’a jamais rien donné de concluant. Je suis plutôt le genre de personne qui prend les choses telles qu’elles viennent et qui ne se prend pas trop la tête. C’est pareil pour mes relations qui n’ont jamais rien données. Mes ex n’ont jamais apprécié mon détachement et mon gros besoin d’indépendance, pour ça je ne peux pas leur en vouloir. Je ne me suis jamais vraiment attachée à quelqu’un non plus et c’est plus facile comme ça, ça me permet d’avancer comme je le veux dans la vie. La liberté est très importante pour moi, j’ai besoin de me savoir libre de mes mouvements à tout moment. Je ne saurais dire d’où ça vient parce que personne n’a jamais été vraiment sur mon dos, peut-être la débrouillardise dont notre famille a toujours dû faire preuve jusqu’ici ? Je suis très attachée à elle d’ailleurs et j’essaye tant que possible de ne pas les inquiéter. J’ai tendance à beaucoup arrondir les angles dans ce que je dis, pour les protéger. Mes frères et sœurs s’en sont très bien sortis dans la vie et je suis la petite dernière qui galère alors je comprends leurs inquiétudes. Cela dit, je suis une battante et je sais que je sortirais la tête hors de l’eau un jour ou l’autre. J’en suis tellement persuadée moi-même, que j’arrive à les rassurer au moins momentanément.