Je suis né à Seattle, fils unique d’un couple énamouré et petit-fils d’un grand PDG reconnu dans le milieu joaillier. On aurait pu croire que tout allait bien se passer dans ma vie, si ce n’est que mes parents m’ont été arrachés six mois après ma naissance, lors d’un accident de voiture. Ce sont donc mes grands-parents qui m’ont élevé. J’ai connu la douceur et l’amour de ma grand-mère mais aussi la rigueur et la fermeté de mon grand-père.

J’étais très studieux à l’école. Cela ne m’a jamais empêché de sociabiliser avec mes camarades et bien entendu, je suis aussi passé par une adolescence rebelle comme tout gamin de mon âge mais j’ai rapidement été remis à ma place. Pour mon plus grand bien, je dois dire. Mon grand-père n’a jamais eu à me forcer la main, j’ai toujours voulu prendre sa suite. Malgré son côté strict, je ne peux m’empêcher de l’admirer lui, en tant que personne mais aussi sa carrière et le respect qu’il inspire à chaque personne qui croise sa route. Il est et restera définitivement mon modèle. Après tout, son propre grand-père avait démarré cette société en partant de rien et elle ne faisait que s’accroître au fil des années. La joaillerie « Richardson » faisait désormais partie de l’élite en proposant des bijoux de luxe principalement à base de diamants. L’entreprise basée à Seattle voyait ses magasins apparaître un peu partout dans le monde et dans des endroits côtés tels que Dubaï ou Paris… Et plusieurs stars se paraient de nos bijoux. Qui resterait indifférent face à tout ça ? Hugues Richardson avait encore le temps de prendre sa retraite mais je comptais bien profiter de son expérience et de tout le temps qu’il lui restait encore à diriger l’entreprise pour étudier et me préparer à prendre sa suite.

Ce fut pendant cette période que je la rencontrais elle… Marina, une belle blonde, douce et joviale. Nous fréquentions la même fac et partagions les mêmes cours. Il était difficile de ne pas s’entendre avec elle. A force de rires, de flirts et de rendez-vous, nous finîmes par sortir ensemble. Quelques années plus tard, je la demandais en mariage et la cérémonie eut lieu avant la fin de nos études. C’était précipité, sans doute, un peu fou aussi, mais nous nous aimions. Quelques mois plus tard, nous emménagions officiellement ensemble et notre vie à deux débutait aux prémices de nos carrière respectives.

Les études terminées, mon temps libre se trouva drastiquement diminué. Si je n’étais pas à l’entreprise avec mon grand-père, je passais voir ma grand-mère ou je m’enfermais dans mon bureau pour travailler. Au début, Marina était compréhensive. Il lui arrivait même de m’apporter des plateaux-repas pour me soutenir tout en s’assurant que je m’alimentais correctement. Et puis, les repas se sont faits rares et les disputes plus nombreuses quand nous trouvions le temps de nous croiser. Au départ, je tentais de me faire pardonner à coup de roses et de cadeaux, promettant de me rattraper. Et puis nos sorties de couples se limitèrent aux soirées mondaines dont je ne pouvais couper jusqu’à celle qui fut de trop et qu’elle ne supporta plus.

« Je suis quoi pour toi, Nate ? Un trophée de vitrine que l’on exhibe ? Un mannequin pour l’un de tes colliers ? Une escorte pour ne pas paraître seul devant tes invités ?
- …
- Est-ce que tu m’aimes ?
- …
- Dis quelque chose putain !! »

Je pouvais voir ses yeux se remplir de larmes autant que je pouvais sentir la colère dans chacune de ses paroles. Et je restais là, les bras ballants. Est-ce que je l’aimais encore ? J’aurais pu répondre « oui », pour couper court à cette discussion qui s’envenimait ou simplement parce que c’était la réponse la plus évidente. Mais le fait même que je réfléchisse à tout ça démontrait que mes sentiments avaient sans doute changés. Cela faisait près d’un an que notre couple volait en éclats mais j’étais dans l’époque charnière où je devais faire mes preuves auprès des investisseurs, elle le savait pourtant. Mais je n’avais pas le droit de tout lui mettre sur le dos, n’avais-je pas rompu mes nombreuses promesses de prendre soin d’elle, de notre couple ? Je l’avais complètement délaissée elle et ses envies. Je tendais alors une main vers elle mais la blonde recula vivement vers l’arrière, les joues baignées de larmes :

« Je veux qu’on divorce. »

Quelques jours plus tard, je trouvais les papiers officiels sur mon bureau. Ce fut ainsi que notre mariage fut défait, notre maison vendue et que j’emménageais dans mon penthouse. Je ne m’étais même pas battu pour la récupérer. Et pour quoi faire ? Qu’avais-je encore à lui offrir si ce n’était mon absence et de la souffrance ? Une fois de plus, tous mes sentiments furent balayés par mon travail.

Deux ans plus tard, Hugues me nomma comme son héritier et me laissa les rênes du siège.